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Ross Dyke a été foreur pétrolier en Égypte, de 1920 à 1925 Bien que nous sachions qu'un certain nombre de foreurs internationaux écrivirent des lettres à leurs amis et à leur famille, le Musée canadien du pétrole a la chance d'avoir reçu de sa famille des copies de la correspondance de Dyke.
Dyke écrivit principalement à deux personnes, sa sœur et la femme qu'il épouserait, Annie Duncan. Voici une sélection de lettres de Dyke qui donnent un aperçu de la vie quotidienne d'un foreur international.
« Chère Annie :
Je suis arrivé à Suez la nuit dernière. Ce n'est pas un endroit très agréable, mais il fait beau (pas trop chaud). Je pars demain pour les champs de pétrole.
Le (révérend) Dr Greenwood, avec qui j’ai séjourné à l'hôtel, et moi nous sommes séparés à Alexandrie. Il a prié pour ma réussite et ma sécurité. Je lui ai donné ta photo; il a promis de t'écrire quand il sera à Windsor. Nous sommes les bienvenus chez lui (à New York) en tout temps. Nous avons fait le tour d'Alexandrie (un endroit sale) en voiture et nous avons visité les sites.
Je suis occupé aujourd'hui à acheter du tissu blanc et des choses pour les champs de pétrole. J'espère que ta mère va mieux.
Je demeure ton fidèle ami,
Ross
Mardi 10 février 1920
Hurghada, Égypte
Chère sœur :
Je suis arrivé samedi dernier vers 15 h, et j'ai constaté que tout était très bien. Nous avons une belle petite ville ici, environ 75 hommes et 25 femmes, et nous nous attendons à ce que davantage de gens arrivent sans tarder. Le climat est agréable et est réputé comme étant l'un des meilleurs pour la santé. Cette entreprise est établie ici depuis 12 ans et ils ont dû tuer un homme pour ouvrir un cimetière. C’est très froid ici en ce moment. Bien qu'il ne gèle pas, un vent froid du nord souffle de la mer. Le soir, je dois porter un pardessus. Ma maison de plain-pied est bien aménagée. Une belle chambre avec tissu huilé et un petit tapis et une bonne pension. Ils ont une grande cuisine de chantier qui s'occupe de tout cuisiner et un garçon qui vous apporte à manger à l'heure des repas. Nous avons aussi une voiture qui nous conduit au travail et qui nous reconduit à la maison. Tout est éclairé à l'électricité. Certaines personnes sont ici depuis plus de six ans. Notre club dispose d'un piano, d'un Victrola, d'une salle de lecture, d'un fumoir, d'une salle de billard et d'un bar. De plus, on y présente un film une fois par semaine.
Le voyage pour venir ici était agréable. L'entreprise a de nouveau augmenté les salaires. Si vous déposez 10 % de votre salaire , ils feront de même et vous donneront un pourcentage sur votre argent (à condition de terminer le contrat). Ils offrent également deux semaines de vacances payées. C’est donc quelque chose de bien.
Ton frère,
Ross
Vendredi 7 mai 1920
Chère sœur,
Comme le bateau part pour Suez demain au petit matin et que l'heure de tombée du courrier est fixée à 18 heures ce soir, j'ai pensé à t'écrire. Je ne travaille pas aujourd'hui à cause de mes yeux. J'ai été alité pendant 2 semaines, pas entièrement, mais ma vue était mauvaise pendant 3 ou 4 jours. Le médecin dit que j'avais le « ticoma » dans l'un d'eux. C'est une maladie que les indigènes ont ici. Il allait m'envoyer chez un spécialiste au Caire s’ils n’allaient pas mieux aujourd’hui. Mais, ils vont beaucoup mieux, je n’aurai donc pas à y aller [sic]. Je ne crois pas que je resterai trois ans ici. Je peux partir à tout moment en donnant 6 mois de préavis, et l’entreprise paiera toutes les dépenses. Toutefois, je resterai assez longtemps pour payer pour la ferme et prendre un bon départ. J'aime beaucoup plus la « Dernière chance » [ferme familiale] que la vie ici. Ainsi que ma petite Annie, je sais qu’elle est bien seule. C'est ce que je ressens parfois aussi.
Une personne peut devenir très paresseuse ici. Jack Josh, mon partenaire de travail, m'a dit que j'avais l'hydropisie; tout ce dont je m'approche me tombe dans les fesses. C’est un bon gars. Il est propriétaire d'une ferme près d'Iveson, mais il habite maintenant en Angleterre. Nous passons de bons moments ensemble.
De ton frère,
Ross
Vendredi 22 août 1920
Cher ami [Robert Duncan],
J'ai reçu ta lettre de bienvenue il y a quelque temps et j'étais très heureux d'avoir de tes nouvelles, et de savoir que vous alliez tous bien. Nous avons eu un temps très chaud le mois dernier; il faisait 101 degrés à l'ombre. La température a baissé de 12 degrés cette semaine. J'évite la chaleur du jour en travaillant de 2 h à midi. Bien que cela signifie que je dois dormir au moment le plus chaud, cet arrangement fonctionne mieux. Je ne me plais pas vraiment ici, mais nous passons un très bon moment et c'est beaucoup mieux que dans certains endroits. La compagnie a ouvert de nouveaux champs et il est probable que nous, les célibataires, devrons y aller. Ce sera solitaire parce qu'il n'y aura pas de club, seulement deux personnes blanches et le reste seront des indigènes. L'entreprise a récemment versé une prime importante, soit 20 % de notre salaire, pour un montant de plus de 500 $. On se débrouille tous très bien avec notre puits et on est maintenant à 600 pieds de profondeur. Les forages ont été très médiocres; argile et gypse très collants.
C'est un jour férié aujourd'hui. C'est la fête de Noël des indigènes. Nous avons un tournoi de tennis et j'ai gagné aujourd'hui. Je serai donc en finale demain. Je joue contre le directeur, et s'il gagne, nous recevrons le premier prix, environ 10 livres. Nous avons un très beau club ici. Nous gardons toutes sortes d'alcool et on y boit beaucoup, mais je n'ai encore jamais vu un homme ivre ici. La boisson principale ici est le whisky soda. Le médecin prétend que ça ne vous fait pas de mal.
Eh bien, M. Duncan, ce n'est pas vraiment un endroit pour les nouvelles, car chaque jour est pareil. Je n'ai pas encore vu une seule journée sans soleil ici. Il a plu ici il y a un an, en janvier dernier. Donc, vous pouvez imaginer à quel point tout est sec. C’est tout pour cette fois. Passe mes meilleurs vœux à Mme Duncan et à tous les autres.
Je suis très heureux d'avoir de vos nouvelles en tout temps, car c'est tellement bon d'avoir des nouvelles de la maison.
De ton ami,
Ross
Hurghada
Vendredi 9 décembre 1920
Cher frère,
J'ai pensé que je pourrais écrire quelques lignes ce matin, alors que je n'ai rien d'autre à faire. J'ai récemment quitté Hurghada et je me suis installé sur une île de la mer Rouge, qui se trouve à environ 9 milles plus loin. Nous travaillons maintenant l'après-midi. Le foreur en chef de Hurghada et moi ne nous sommes jamais très bien entendus. Si j'étais resté sous ses ordres au champ principal, nous aurions probablement croisé le fer et j'aurais été viré. J'ai pensé qu'il valait mieux partir alors que j'en avais l'occasion. Bien que je sois plus à l'aise ici, le forage est beaucoup plus difficile qu'à Hurghada.
Il y a environ 40 indigènes et nous trois. C'est très solitaire ici le dimanche, mais cela n'est pas grave pour nous quand on travaille. J'ai pris dix jours de vacances en octobre et je suis allé au Caire avec John [Jack] Josh et John Blackwell. Tu connais Josh, et Blackwell est le frère de Roll Blackwell. Ce sont deux bons gars. Nous nous sommes bien amusés à visiter les différents sites. Je t'envoie une photo prise à la pyramide et au Sphinx. Cette pyramide mesure 441 pieds de haut et 441 pieds carrés. J'ai acheté des étoffes d'une valeur d'environ 175 $ dans notre argent.
J'ai demandé à l'entreprise de me payer mon arriéré. Mon contrat prévoyait le paiement en dollars américains et ils n'avaient payé que 200 $ par mois à la Toronto Bank, au Wyoming, en canadien [devise]. J'ai découvert le taux de change et ils me devaient 188 $ de plus, alors ils l'ont payé. Donc, je peux maintenant épargner 3 000 $, ce qui me mettra facilement au niveau et un peu en meilleure posture. Je suis maintenant heureux d'avoir quitté la ferme et de m'être mis au forage. J'ai passé un bon moment, j'ai vu une partie du monde, et je crois que j'ai gagné plus d'argent que si j'étais resté pour être agriculteur.
Je dispose de six hommes qui sont tous très bons, je travaille donc très peu. Je m'amuse bien à faire l'imbécile avec eux. Ils vous aiment plus si vous le faites et ils travaillent mieux que si vous les maudissez tout le temps. Il n'y a pas beaucoup de nouvelles ici, donc je vais conclure. Je me réjouirais d'avoir de vos nouvelles en tout temps. N'oublie pas de jeter un œil sur la ferme de temps en temps. Mes amitiés à Susie et à la famille.
Joyeux Noël à vous tous,
Ross
Vendredi 24 juillet 1922
Chère sœur,
J'ai reçu ta lettre de bienvenue hier et j'ai été heureux d'apprendre que tout le monde allait bien. J'ai lu la nouvelle dans le journal avant de recevoir ta lettre sur ma nouvelle nièce Mildred Mabel [Hay]. Il fait très chaud ici en ce moment, environ 100F. Tu n'as jamais rien dit à propos de la ferme ou si tu avais tout semé.
Les activités de l'entreprise sont très calmes ici cet été. Il y a beaucoup de bons gars qui sont rentrés chez eux pour un congé. J'ai beaucoup de lettres à écrire, mais je ne semble pas avoir le temps de le faire et il n'y a rien à propos de quoi écrire. Il faudra probablement trois mois avant que nous ayons terminé ce puits, ce qui mènera presque à la fin de mon contrat. J’en serai heureux parce que j’aimerais être à la maison. Cependant, il sera difficile de m'installer sur une ferme, car il n'y a pas beaucoup d'argent à en tirer. Après avoir eu des domestiques pour me servir, je verrai une grande différence. Pour l'instant, si je veux que quelque chose soit fait, il me suffit d'appuyer sur le bouton. Je ne parle pas très bien leur langue […]
Quand tu m'écriras, n'oublie pas de me parler de la ferme. Avant, je croyais que si je pouvais seulement la payer, je serais bien. Maintenant, cela ne me satisfait pas.
Bon, c’est tout pour maintenant. Va voir Annie si tu as le temps.
Mes amitiés à vous tous,
Ton frère,
Ross
Le 29 mai 1924
De Habashi
A.E.O. Ltd Refinery
Suez, Égypte
Chère Lottie,
J'ai reçu ta lettre que tu as écrite à Anne. Elle me l'a envoyée. Tu as probablement appris que nous avons une fille. Je ne sais pas à quel point elle est grande ou petite. J'ai reçu un mot du Dr Turnbull disant : « Bébé fille, en santé toutes les deux ». J'étais au lit vers 21 h quand ils ont récupéré le télégramme. Je suis resté allongé sur le lit pendant environ deux heures, et penses-tu que j'arrivais à m'endormir? NON! Je ne sais pas quel nom Annie pense lui donner. Elle parlait de Doris ou de Dorothy.
Je lui ai dit que si c'était un garçon, j'aimerais l'appeler William Robert et que si c'était une fille, elle pourrait l'appeler comme elle le souhaite.
Je prévois de venir à la maison au printemps prochain. J'aurais bien voyagé ce printemps, mais le retour d'Annie à la maison m'a coûté environ 400 $. Je suis actuellement à Suez, dans un hôpital français, et je suis ici depuis vendredi dernier. J’ai fait une mauvaise chute. Je me suis pris dans le câble de sondage. L'indigène dit que le câble m'a attrapé sur le pied et m'a projeté sur la tête en me blessant au visage, surtout autour du sinus droit. J’ai marché seul jusqu’à la maison, changé mes vêtements, je me suis lavé, sans savoir ce qui m’était arrivé. Heureusement, Hamilton, mon colocataire, était à la maison. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai tout appris. Quand je suis revenu à moi, j'étais tout changé et prêt pour le voyage vers Suez. Le médecin ici a complètement soigné mon œil. J’entends revenir encore à Habashi samedi. C'est vraiment un endroit de merde. J'ai l'intention d'être très prudent pour les 10 prochains mois, car j'ai hâte de voir mon enfant...
Certaines de mes lettres se sont perdues depuis mon changement d’adresse. Nous sommes maintenant à 4 milles à l'intérieur des terres. Nous dépendons des indigènes pour transporter notre courrier d'un endroit à l'autre. Et je crois que certains de ces salauds retirent les timbres.
Ross