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Jacob Perkins, qui compte parmi les foreurs internationaux les plus prospères, passera de l'homme hirsute et maladroit qu'on voit sur sa photo de mariage en 1876 à l'un des plus importants producteurs de pétrole de Galicie (Pologne moderne). Nous en savons peu sur Perkins avant son mariage avec Jenny Jardine de Pétrolia en 1876, date à laquelle il figure sur la liste des producteurs de pétrole, et il est fort probable que Perkins ait fait la connaissance de William McGarvey, propriétaire d'un magasin, pendant son séjour à Pétrolia. McGarvey s'intéressa à l'industrie pétrolière et partit explorer des champs de pétrole en Galicie, une province d'Autriche-Hongrie, et recruta de nombreux ouvriers pétroliers du comté de Lambton pour aider son entreprise à développer la région. Cyrus, le frère de Jacob Perkins, fit partie de la première vague de foreurs à se joindre à McGarvey en 1885 et son épouse, Margaret, écrivit fréquemment à Jenny Perkins pour décrire leurs expériences.
En 1887, Jacob Perkins fut engagé par Bergheim et McGarvey pour exploiter des champs de pétrole et se joignit au groupe grandissant de foreurs internationaux canadiens, avec sa femme et ses deux enfants, pour s'installer à L'viv. Perkins devint éventuellement propriétaire de champs de pétrole, déplaçant sa famille (dont deux autres enfants nés en Galicie) à Humniska.
Le déménagement initial en Galicie fut un choc pour la famille, car les conditions n'étaient pas celles auxquelles ils étaient habitués au Canada. Bon nombre des maisons offertes aux foreurs internationaux étaient de simples huttes au toit de chaume avec un plancher de terre battue. Les femmes devaient souvent chasser les canards de l'intérieur de la maison et cuisiner sur des feux ouverts. Les enfants s'intégraient rapidement à la vie autrichienne en se liant d'amitié avec les enfants de la région et en apprenant la langue avec aisance, même si les adultes semblaient plus hésitants dans leurs rapports avec les familles locales. Wilfred Perkins, fils de Jacob Perkins, décrivit comment les gens du pays volaient des « boulons, poignées, vis et autres dispositifs » simplement parce qu'ils désiraient voler, et non parce que ces objets leur étaient nécessaires. Frustrés, les foreurs internationaux rendirent visite au curé de la paroisse locale et lui demandèrent d'aborder la question, et lui firent un généreux don. Le dimanche, le prêtre montait en chaire, criait à la congrégation : « Bande de voleurs! Bande de canailles! » et menaçait ceux qui avaient commis des vols dans les tours de forage de Perkins de ne pas leur donner l’absolution pour leur confession tant que les articles volés ne seraient pas rendus. Le lundi matin, les Perkins découvraient une pile de machinerie et d'ustensiles de cuisine à leur porte.
Bien que les Perkins aient vécu en Galicie pendant 27 ans au début de la Première Guerre mondiale, ils étaient encore citoyens britanniques et, de ce fait, se heurtèrent aux nombreuses difficultés causées par le gouvernement autrichien. Lorsque la Grande-Bretagne déclara la guerre à l'Allemagne en août 1914, les Perkins se réunissaient avec leurs enfants. Wilfred, professeur de langues au Coe College de l'Iowa, et Eddie, étudiant au Coe College, étaient à la maison pour les vacances d'été, et Olivia, qui avait épousé Ernest Nicklos, fils de Charles Nicklos, était en visite avec ses enfants pour échapper aux troubles au Mexique où son mari était foreur pétrolier. Alors que les troupes russes commençaient à envahir la campagne galicienne, les femmes et les enfants s'échappèrent en train vers Bielitz tandis que Jacob et son fils, Herbert, demeurèrent sur place pour fermer les puits de pétrole et partirent au moment même où les troupes russes se profilaient à l'horizon. Alors que Wilfred et Olivia réussirent à rentrer aux États-Unis, Eddie est capturé et détenu comme prisonnier de guerre par le gouvernement autrichien durant quatre mois pour l'empêcher de rejoindre les forces britanniques. Au même moment, Jacob et Jenny avaient voyagé jusqu'à Vienne où ils avaient été assignés à résidence.
Au printemps 1915, Jacob et Jenny Perkins purent rentrer chez eux, mais n'eurent toujours pas accès à leurs champs de pétrole en leur qualité de « ressortissants d'un pays ennemi ». Jacob exprima sa frustration et son soulagement de pouvoir retourner au travail dans une lettre écrite à sa fille, Olivia, le 20 décembre 1915 : « J'avais souvent peur de m'effondrer complètement et de perdre l’esprit. Puis, j'ai obtenu la permission de retourner à mes activités et j'ai le plaisir de t'informer que je me sens à nouveau en pleine forme; bien, bien mieux qu'à Vienne où je n'avais rien à faire. »
Malheureusement, son soulagement serait de courte durée. En février 1917, Perkins vendit ses actions pétrolières à la Vienna Floridsdorf Mineral Oil Factory Company et devait être payé 600 000 couronnes une fois la paix déclarée, mais la devise autrichienne avait tellement perdu de sa valeur qu'il perdit près de la totalité du travail de sa vie. Au cours de l'hiver 1917, il attrapa un rhume qui l'affaiblit et décéda le 21 juillet 1917 d'un caillot de sang, bien que Jenny Perkins ait déclaré : « il est mort d'un cœur brisé ».kins said, "he died of a broken heart".